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L'Étrange douleur des larmes de ton cul (critique)

Bon, je vais essayer de me faufiler entre les « hooouuu » et les crachats en disant ça: je n’ai jamais lu un comics de ma vie. Voilà. J’ai simplement d’autres centres d’intérêt qui font que je ne me suis jamais penché dessus. Peut-être que c’est très bien hein, mais pour l’instant je ne connais pas, peut-être que je m’y mettrai un jour. Et du coup, vous l’aurez compris, je n’ai aucune légitimité pour pouvoir donner un avis sur un film adapté d’un comics, ça va de soi… Vous y croyez à ça ? Non parce que si vous pensez que ce que je viens de dire a du sens, vous êtes bien con hein. Un film est censé se suffire à lui-même en tant qu’oeuvre à part entière, que ce soit une adaptation ou pas…


Deadpool - réalisé par Tim MILLER - sorti en France le 10 février 2016

Commençons par essayer de résumer le premier acte. Grosso merdo, ça donne quelque chose comme « Cul, chatte, bite, poil, couille, référence geek, cul, bite, bite, chatte, référence geek, poil, couille, référence geek. Bite. » Non c’est super hein, mais je me demande si un spectacle de Bigard ça aurait pas été moins lourd, finalement… Et en vrai c’est pas par plaisir que je tape sur le film, moi j’adorerais n’en voir que des bons, mais là le film se donne tellement de mal pour être le plus insupportable possible dès le début qu’il m’a fallu presque une heure pour me calmer un peu et enfin réussir à sourire à certaines blagues. Parce que bon, y’a bien… allez, disons trois ou quatre vannes drôles dans ce film. Même la petite référence à ce que Marvel a fait subir à Deadpool dans le film à la merde sur Wolverine dont j’ai oublié le nom, ça aussi pourquoi pas… Mais si c’est pour appuyer dessus et nous la refaire trois fois de suite, merde. Pareil pour la vanne sur la main. En fait y’a pas tant de vannes que ça finalement, parce que quand ils en trouvent une, ils exploitent le filon, et ils font la même à répétition. Ça fait gagner du temps, certainement.


Et alors, Deadpool est-il le fameux Marvel « différent des autres » qu’on nous a tant vendu ? Non. Absolument pas. Rien d’original ici, ne vous en faites pas. Le film est foutu comme n’importe quel autre film de super-héros, avec une construction, une narration et une mise en scène archi-classiques (pour les deux dans le fond qui n’ont pas suivi, je rappelle que classique c’est le terme un peu sympa qu’on utilise pour éviter de dire banal), et avec toutes les conneries qu’on nous sert toujours aussi platement dans la grande majorité des Marvel, des bons gros ralentis de merde, des dialogues un peu niais sur fond de musique chiante, un méchant bidon, etc. Et des enjeux inexistants. Parce que sans déconner, on s’en branle complètement de ce qui se passe. Et attention je vous vois venir hein, le coup de « Mais on s’en fout de tout ça, le film vaut pour son personnage et son humour, c’est tout ! » je connais. Mais on peut en parler aussi. Sauf l’humour, il me semble qu’on l’a déjà fait… Mais alors, le personnage, parlons-en…


On est bien d’accord que ce qui fait de Deadpool un personnage unique dans l’univers Marvel, c’est sa capacité à pouvoir briser le quatrième mur ? Hé ben même ça, les mecs ont réussi à pourrir… Vous me croyez pas ? Retournez voir vers 30 minutes de films, le barman arrive en une ligne de dialogue à anéantir le côté unique de Deadpool en brisant lui aussi le quatrième mur. Donc ce que Deadpool sait faire et qui le rend si génial, ici un connard lambda derrière son comptoir est capable de le faire aussi… Et c’est con parce que la ligne de dialogue qui suffit à ça n’a strictement aucun intérêt. C’est juste que les mecs se sentent obligés de foutre des vannes absolument partout, non stop, certainement pour tenter de masquer le fait qu’ils n’ont absolument rien d’autre pour rendre le film réellement différent des Marvel habituels. Mais bon, ça pourrait être pire… Non en fait j’aurais pas dû écrire ça, parce qu’en effet, y’a pire. Le méchant par exemple. Outre le fait qu’il soit d’un inintérêt total (pour résumer c’est un connard qui est méchant parce qu’il est méchant), j’ai un peu de mal à piger comment fonctionne son pouvoir. Rappelez-vous (si vous avez bien suivi), son pouvoir c’est pas simplement de ne pas ressentir la douleur, le mec ne ressent rien. Ça marche pour tout le monde ? Bon… Alors parlons un peu d’écriture…


Vous vous souvenez du combat final entre Deadpool et le méchant (je suis désolé, je continue de l’appeler le méchant parce que j’ai déjà oublié son nom) ? Si vous faites un peu gaffe, vous remarquez qu’on a bien la preuve que les blessures physiques n’ont pas d’incidence sur lui (quand il se fait transpercer la jambe par exemple, non seulement il n’a pas mal, mais il ne boîte pas non plus, aucune incidence, tout va bien), car encore une fois, il ne ressent rien. Bon… Bon, bon, bon… Comment Deadpool gagne à la fin ? Allez, souvenez-vous, un petit effort… Vous vous en souvenez pas, de Deadpool qui maintient le méchant au sol parce qu’il est crevé et qu’il est à deux doigts de suffoquer ? Bah voilà, on y est. Le méchant ne ressent rien, sauf à dix minutes de la fin où il n’est plus en capacité de se battre car il ressent de la fatigue. Bien joué les scénaristes, belle pirouette. Comment ? Un détail ? Hé bah pas tellement en fait… Ça aurait pu en rester au stade du détail anodin si ce n’était pas cette grossière erreur d’écriture qui permettait à Deadpool de tuer le méchant et de terminer le film… Dans le jargon on appelle ça « prendre le spectateur pour un con ».


Après je suis d’accord pour reconnaître un ou deux bons points au film. La BO déjà, pas ouf, mais avec quand même quelques morceaux qui font plaisir, la façon qu’a Deadpool d’interagir avec la musique extradiégétique, plutôt une bonne idée, les combats sont assez divertissants (bien que trop peu nombreux et trop encombrés par les fameux bons gros ralentis de merde dont je parlais plus haut selon moi) et je le redis, oui, quelques vannes sont drôles, je le reconnais. Elles sont un peu noyées dans le raz-de-marée de vannes moyennes voire pas drôles qui constituent la quasi-totalité du film, certes, mais il y en a. dans Je pense que le film se veut davantage être une comédie qu’un film de super-héros, mais à ce moment-là ça aurait peut-être pu être bien de ne pas le construire en tout point comme n’importe quel autre film de super-héros. Et puis merde, j’espère que c’est la dernière fois que je répète ça, mais une comédie, ça n’est pas un « sous-film ». Balancer des vannes, même drôles, dans un film, ça ne suffit pas à le rendre bon si tout le reste est daubé. Et oui, une comédie peut très bien être un bon film, voire un grand film, voire même un chef-d’oeuvre. Donc le prochain que j’entends défendre un film de merde en disant « C’est pas grave, c’est juste une comédie » (sûrement la phrase la plus insultante du monde envers le genre cinématographique le plus difficile de tous), je le pends à un arbre.


Ah et oui, dernier point, le fait de dire des trucs comme « Elle va faire un atterrissage de super-héros parce qu’on fait ça dans tous les films de super-héros » (la traduction est loin d’être exacte mais dans l’esprit c’est ça), ça ne rend pas le film plus drôle ou plus original. Quand on fait de la merde, c’est pas parce qu’on le sait et qu’on le dit que ça en devient quelque chose de bien. Le second degré ça peut être drôle, mais faut savoir le manier suffisamment bien pour que ça marche. Les mecs n’avaient simplement aucune bonne idée à y foutre, donc ils ont simplement dû se dire « Bon bah on va faire de la merde, mais comme le public est con on va dire que c’est fait exprès et ces abrutis ils vont nous applaudir pour ça. On est des génies. » Et faut dire que là on nous a particulièrement pris pour des abrutis en nous servant la même soupe indigeste que d’habitude, mais saupoudré de blagues de cul. Mais en fait, que le film soit nul, c’est même pas ce qui me dérange le plus. Ce qui me dérange le plus, c’est que ce film soit encensé par tout le monde et, notamment (si j’ai bien compris) par les fans du comics. Et ça c’est particulièrement horrible, parce que ce personnage m’intéressait. Et si ça veut dire que l’humour du film est fidèle à celui des comics, ça me donne franchement pas envie de les lire…


Bref, j’avais un peu d’espoir pour que ce film me redonne ne serait-ce qu’un tout petit peu d’enthousiasme pour les films de super-héros, mais je tire les conclusions de cette déception en me retirant définitivement du monde du visionnage de films Marvel. Celui-là, c’était le dernier.





 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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