top of page

Apocalypse low (critique)

Allez, j’avais l’intention de faire un peu mon kéké en matant en Tarkovski ou un Greenaway mais pris d’une violente flemme, je me suis finalement penché sur ce film qui avait l’air plutôt sympa de prime abord. Deux bons points dans le synopsis: j’aime bien les comédies horrifiques, et j’aime bien le metal… Hmm… Pour ceux qui se posent la question, oui, bien évidemment, j’ai l’intention de chipoter sur des détails sans importance juste pour le plaisir d’être un con. Je vous laisse le soin de faire la distinction entre les vrais reproches et les chipotages. Et oui, je compte aussi balancer du spoil. Mais ça c’est pas très grave parce que ce film fait partie de ceux dont on devine la fin dès le début (mais à la limite, ça non plus c’est pas si grave). C’est parti.


Deathgasm - réalisé par Jason Lei HOWDEN - sorti en France le 14 mars 2015


Le film nous fait suivre le personnage de Brodie, un métalleux sans trop de personnalité, marginal dans son lycée ayant pour seuls amis deux losers rôlistes (les préjugés ont la vie dure, surtout que les deux tanches sont l’exact opposé des rôlistes que je connais). Brodie vit chez son oncle et sa tante ultra cathos qui le prennent pour un sataniste, et son cousin qui aime le martyriser parce que c’est un connard. Brodie rencontre bientôt Zakk, un autre métalleux dont les deux passions sont le metal et être un connard (et lui aussi, d’ailleurs, est l’exact opposé de tous les métalleux que je connais, et j’en connais bien plus que des rôlistes). Brodie rencontre la petite amie de son cousin, une pouf-blonde-cucul-propre-sur-elle-cabotineuse-random avec qui il commence à flirter et, en parallèle, monte un groupe de black metal (je suis pas un spécialiste mais ça y ressemble pas mal) avec Zakk et les deux tanches (oui, je me souviens plus de leurs noms mais de toute façon c’est juste des personnages fonctions qui sont là pour qu’on ait droit à quelques vannes pas top, donc je vais juste les appeler « les deux tanches »).


Une fois qu’on a cerné que les personnages sont inconsistants parce qu’ils n’ont pas été fini d’écrire, Brodie et Zakk découvrent une vieille baraque où se trouve leur idole, et s’enfuient avec une étrange partition pendant qu’un mystérieux inconnu entre dans la maison pour buter l’ersatz d’Iggy Pop métalo-dégueulasse (l’idole). Et c’est à ce moment-là qu’on découvre ce qui ressemble furieusement au grand méchant du film, qui veut récupérer la partition, et qui a engagé le mystérieux inconnu. Qui est ce méchant ? Pourquoi veut-il la partition ? Pourquoi ses hommes de mains portent des déguisement pour enfants trop grands ? On ne le saura jamais. Parce qu’il se fait buter quelques minutes plus tard par la nana qui lui suçait le zob sous le bureau juste après une vanne qui aurait été très drôle si les mecs n’avaient pas appuyé dessus pendant une bonne minute bien superflue.


Le groupe de black metal de Brodie se met en tête de tourner un clip et de jouer la partition cheloue trouvée dans la baraque abandonnée. Pas de bol, la partition est en fait un hymne funèbre qui provoque l’avènement du Diable sur terre quand elle est jouée. Pendant ce temps, la blonde (pareil, je me souviens plus de son nom, donc ce sera « la blonde ») commence à vraiment apprécier Brodie. Elle va jusqu’à lui donner un rendez-vous en demandant à Zakk de lui passer un petit mot, parce qu’elle ne sait pas où est Brodie, et parce qu’elle n’a pas de téléphone (enfin, j’imagine). Zen pique le petit mot, ne dit rien à Brodie, nique la blonde (je résume hein) et après c’est le bordel, c’est l’apocalypse (comme ça, d’un coup), les gens sont possédés par des démons (sauf les gens importants pour le déroulement de l’histoire, sinon y’a plus de film, c’est futé ça, fallait y penser), y’a du sang, y’a de la baston, ça bouge, tout ça. Et la blonde écervelée toute mignonnette chope une batte de baseball et se transforme en grosse défourailleuse de démons. Elle retrouve les deux rôlistes devant chez Brodie, ils laissent un mot sur la porte de la maison pour prévenir qu’ils vont se planquer parce qu’eux non plus n’ont pas de téléphone, en fait on dirait simplement que les téléphones n’existent pas, et parce que ça va permettre à ce gros con de Zakk de continuer à être un gros con et de piquer sans aucune putain de raison le mot qui était destiné à Brodie. Au passage, chez le disquaire où se sont rencontrés Brodie et Zakk (j’ai pas raconté ce passage, on s’en fout un peu), y’a une voyante qui peut leur expliquer des trucs, alors ils vont la voir juste après qu’elle se soit fait attaquer par des démons. Par contre elle, ça l’a pas transformé, comme tout le monde, ça l’a juste tué. Enfin disons qu’elle a eu le temps de faire une révélation aux deux compères juste avant de claquer, et accrochez-vous bien parce que niveau révélation qui défonce, ça se pose là: le maître des démons n’est pas Satan mais Eloth… Non, c’est tout.


Après ça se tatane encore un peu, Brodie et Zakk finissent par retrouver les trois autres, Brodie découvre que Zakk lui pique ses petits mots et nique sa copine, ils se mettent des pains dans la gueule, et Zakk s’en va parce que de toute façon c’est pas ses amis, lui il aime personne. ET PUTAIN MERCI !! ENFIN IL SE CASSE CE GROS SAC À MERDE !!… Non, pour de vrai, vous sentez venir la suite ? Bah oui. La secte retrouve les gamins et… Ah merde, j’ai pas parlé de la secte. Vous vous souvenez du grand méchant qui se fait sucer le zob au début ? Voilà, en fait c’est un genre de gourou de secte qui prône le retour du Démon et qui veut donc s’emparer de l’hymne funèbre. Enfin je crois. Parce qu’en fait au début les motivations du méchant, on les connaît absolument pas, mais la nana le bute (je cherche encore pourquoi, parce qu’au final je pense qu’elle aurait pu avoir ce qu’elle veut sans le tuer) et après elle prête allégeance à Eloth. Du coup je reprends où j’en étais. La secte retrouve les gamins et leur pique l’hymne funèbre alors que la blonde, dans un élan d’héroïsme complètement hors de propos, conjure Brodie de ne pas le leur donner… Pourquoi cet élan d’héroïsme est hors de propos ? Parce qu’à aucun moment la blonde n’a été informée de ce dont elle est en train de parler. Donc, la secte récupère l’hymne et… tue les gamins par souci de sécurité ? Ah bah non, quand même pas. Un peu facile mon bon seigneur ! Non non, ils les ligotent seulement, parce qu’il faut bien laisser une chance aux gentils de gagner. Et devinez qui c’est-y pas qui débarque pour sauver tout le monde ? Ce bon vieux Zakk qui était juste parti faire un saut à la supérette pour s’acheter un atome de morale.

On a eu deux paragraphes pas mal longs, donc je vais essayer d’expédier un peu la fin. On nous a appris pendant le film que pour empêcher en fin de compte le retour du démon, il faut jouer l’hymne funèbre à l’envers. Et cet hymne funèbre, on l’a entendu, c’est un truc plutôt lent et lourd, mais en fait y’a pas besoin de le jouer à l’envers, n’importe quel solo de guitare random avec du tapping dedans suffit. Mais pas trop. Un peu. Genre le démon arrive quand même, prend possession du corps de Zakk, Brodie le tue, et il pleure avec la blonde sur son cadavre. Et c’est la fin. Non. Y’a encore une dernière scène, où on voit Brodie et sa copine ensemble, deux mois après tout le bordel. Et en deux mois, la nana est devenue une métalleuse aguerrie quand bien même ses seules expériences dans le domaine qui nous aient été données de voir sont quelques notes d’une espèce de power metal symphonique kitsch et un morceau qui a bien failli provoquer l’apocalypse. Ah et y’a un cliffhanger aussi. Et si aucune suite ne sort, cette fin est nulle à chier. Et là c’est la fin.


Allez, j’arrête d’être un connard et je fais le bilan (calmement).


Dans une comédie horrifique, je suis d’accord pour passer sous silence un bon nombre de trucs un peu moyens, que ce soit un scénario un peu faible (dans la limite du raisonnable), un jeu d’acteur cabotin, ou une mise en scène minimaliste, à deux conditions: il faut que ce soit drôle, et il faut que ce soit inventif. Mais mis à part quelques situations isolées, dans l’ensemble, c’est pas si drôle que ça, et l’inventivité a eu un empêchement de dernière minute et n’a pas pu se joindre à l’aventure. Parce que piquer des idées dans tous plein de films, c’est pas de l’inventivité, c’est juste un moyen de dire au spectateur « Hey regardez, on aime les mêmes films ! » C’est sympa de prévenir, mais c’est pas pour ça qu’on est venu. Ici on passe pêle-mêle de L’Exorciste à Braindead, de Evil Dead à Zombieland, j’en passe, et c’est au final très décevant de voir un film ne proposer aucune idée originale dans un genre où c’est pratiquement la seule chose qu’on attend.


Et si j’ai précisé « dans la limite du raisonnable » en parlant du scénario, c’est parce que là aussi, y’a de très TRÈS gros problèmes. Là où beaucoup de films du genre ont un scénario souvent minimaliste mais efficace et cohérent, ici le scénario est clairement fini à la pisse et blindé de facilités tellement énormes que rien ne permet à aucun moment de s’inquiéter pour la survie du couple principal. Et c’est pas un montage un peu vénèr qui va suffire camoufler tant de faiblesse. On sait d’emblée qui va mourir et qui va survivre, tout est d’ailleurs fait pour s’assurer que Brodie ne rencontre jamais de problème majeur, et le film va jusqu’à prendre des partis pris (je suis pas sûr que ça se dise, « prendre des partis pris ») complètement absurdes uniquement pour permettre des rebondissements convenus. Vous vous souvenez quand je disais que les téléphones n’existaient pas dans ce film ? Bah voilà. Dans ce film, personne n’a de téléphone, parce que sinon Zakk ne peut pas voler les messages destinés à Brodie. Ça paraît rien comme ça, mais une fois qu’on a pigé ce genre de ficelles, on les repère immédiatement, et ça devient des facilités à la limite de la paresse.


L’esthétique sauve un peu les meubles, le côté cheap étant bien plus appréciable dans ce genre-là que des gros effets spéciaux à la Avengers (oui parce que c’est à Jason Lei Howden qu’on doit, entre autres, les effets spéciaux d’Avengers), et c’est vrai que quelques vannes (genre, allez, deux ou trois, fonctionnent).


Le film n’est pas une catastrophe, faut pas déconner, mais c’est un film bâclé qui semble avoir pour seule ambition de brosser le spectateur de comédies horrifiques dans le sens du poil. Et c’est dommage, parce que si le scénario n’avait pas été écrit en seulement quelques jours (et c’est pas une blague, c’est un aveu du réalisateur lui-même, ceci explique peut-être un petit peu cela), on aurait pu tenir un film de la trempe d’une comédie contemporaine réussie comme Zombieland, Tucker & Dale vs Evil, ou Black Sheep. Tenez, si ce n’est déjà fait, matez donc Black Sheep. Y’a des moutons-garous dedans.


Bref, au final j’attendais pas grand chose de ce film, mais malheureusement c’est exactement ce qu’il a à proposer: pas grand chose.











Ah si, j'ai oublié un truc. Non parce que je vous vois venir avec vos "Euuuh oui, mais tout ce que tu critiques c'est nul parce que c'est les codes du geeennre"...

Oui, c'est vrai, je l'ai bien noté, mais j'ai un problème avec le mot "code" au cinéma. Je le trouve un poil hypocrite. Non parce qu'un "code" ça reste finalement rien de plus qu'un mot un peu moins péjoratif pour éviter de dire "cliché". Ça c'est péjoratif. Alors qu'au final, c'est la même chose. C'est juste que quand on aime bien un film bourré de clichés, il vaut mieux éviter de le dire, sinon ça discrédite notre défense. Du coup on parle de "codes".


Bisous.






 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

 articles récents 
bottom of page