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Need for bleed (critique)

De mon vivant (bon, faut dire que je suis pas vieux non plus) et de mémoire (sachant que j'ai une mémoire… disons aléatoire), je crois ne jamais avoir vu une telle unanimité de la part du public ET de la critique pour qualifier un film de chef-d'oeuvre absolu. Et pour un film d'action, ça m'a paru encore plus étrange. Donc pas le choix, déjà que je pensais aller le voir pour mater un divertissement bien bourrin (chose qui m'arrive finalement assez peu souvent), impossible de passer à côté du dernier Mad Max. Résultat en sortant de la salle: j'ai bien l'impression qu'on a ici affaire au film le plus surestimé de l'année. Et j'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre cet engouement soudain.

Mad Max: Fury Road - réalisé par George MILLER - sorti en France le 14 mai 2015

Je n'ai absolument pas l'intention de dire que le film est une daube. L'univers et l'esthétique sont chouettes (je reviendrai sur l'univers plus tard, parce que y'a quand même un truc qui me chiffonne beaucoup), la façon de filmer les batailles est cool (je ne m'attarde pas sur la lumière, orange le jour et bleu la nuit, difficile de faire plus simple), et le style général de l'escadron de War Boys, à mi-chemin entre des fous furieux sortis tout droit du Tarabana Circus* et une flottille de pirates steampunks naviguant dans un océan de sable, c'est bien mon truc. Et en terme de film d'action pur, force est de reconnaître que ça envoie pas mal. Même si (première déception) la première bataille (parce que oui, à ce niveau-là on est plus dans une putain de bataille que dans une simple course-poursuite) est à mon goût la meilleure. Certainement parce qu'elle nous présente dès le début pratiquement tout ce qu'on va pouvoir retrouver dans les autres, et qu'elle est la véritable entrée en matière dans le film. Pour en revenir au côté "pirate", la scène est finalement ressemblante en tout point à un abordage en eaux calmes qui se poursuivra quelques minutes plus tard en maelström ensablé avec la scène apocalyptique au beau milieu de la tempête de sable la plus titanesque de l'Histoire des tempêtes de sable. Impossible, donc, d'être réellement surpris devant les scènes d'actions qui suivent après ça. Dommage de ne pas avoir monté crescendo à ce niveau-là, et d'avoir préféré envoyer un maximum de steak dès le début.


La deuxième grosse déception réside dans la manière dont nous est montré l'univers du film (je l'avais dit). C'est d'un soft, Nom de Dieu… Il me semble que le film est PG-13 aux États-Unis, mais je pense sincèrement qu'un gamin de 9, 10 ans peut se coller devant ce film sans le moindre problème. "My world is fire and blood" nous annonce la voix off de Max dès les premières secondes. Alors pour le feu je veux bien, ça flamboie littéralement de partout pendant deux heures, mais le sang, pardon. Sans être précis, il m'a semblé recenser, tout au plus, deux ou trois très légères gouttes de sang… Comment, foutrediantre, est-il possible de s'autocensurer à ce point-là alors qu'on tente de nous décrire un univers des plus crades et des plus violents ? Au final, on nous répète verbalement que l'univers est violent au lieu de nous le montrer directement à l'image. Même la pénurie d'eau, qui apparaît au début presque comme un point central (mais finalement pas du tout), ne se fait pas ressentir une seconde. Les personnages n'ont vraiment pas l'air de manquer de quoi que ce soit, ça fait un peu tâche dans un monde post-apo… Non ?…

Si j'étais plus balaise niveau sens et symbolique, je pourrais argumenter davantage sur le point qui suit, mais je vais me contenter de penser humblement que le côté "féministe" scandé par à peu près tout le monde me paraît assez contestable. Soit contestable, soit niais, je sais que les deux opinions existent. Niais pour le côté "la femme est cet être merveilleux à l'origine de la vie" thématique relativement clichée et forcée, et contestable pour le côté "les femmes ne doivent pas être des pondeuses, mais des mères". Après c'est sûr que c'est mieux d'être une mère qu'une simple "pondeuse", mais ça sonne quand même pas mal réducteur, et en plus je ne suis absolument pas certain de ce que j'avance, je ne me suis pas penché sur la question plus que ça, c'est ce que j'ai plus ou moins ressenti mais je peux me tromper. Donc au lieu de parler de trucs dont je n'ai aucune idée, je vais parler de la "performance" de Tom Hardy. Et ici en revanche, je ne peux pas laisser passer toutes les éloges exagérément ridicules que j'ai pu lire. Deux heures à grogner en fronçant les sourcils, ça n'a rien d'une performance. Là faut arrêter de déconner, s'il vous plaît. Regardez donc Bronson, ça vous donnera une idée de ce dont cet acteur est capable. Et puis franchement… On s'en fout complètement de Max… Le seul point commun qu'il entretient avec le Max Rockatansky des deux premiers opus (en espérant que vous ne m'en voudrez pas de considérer que la minable parodie pour gosses qui fait office de troisième n'existe pas), c'est son nom. Le mec ressemble bien davantage à une version adulte et légèrement plus civilisée de l'enfant sauvage de Mad Max: Le Défi qu'à Max lui-même. Et puis franchement, je suis loin, très loin, d'être fan de Mel Gibson, mais qui mieux que lui peut interpréter un fou…


Après tout n'est pas à jeter dans tout ça, bien sûr, ça se laisse quand même regarder sans problème, c'est du divertissement pur et dur, et je reconnais être assez fan du déglingo (oui, "déglingo" oui) qui joue de la guitare lance-flammes pendu aux élastiques du camion des tambours de guerre, décrit par Georges Miller lui-même comme étant "à mi-chemin entre Keith Richards et un épouvantail". Je ne trouve pas le film mauvais, je ne lui trouve simplement rien d'exceptionnel, et je ne comprends définitivement pas l'accueil triomphal, que dis-je triomphal, dithyrambique, qui lui a été réservé. Et je doute que le film soit un nouveau cas de "l'effet Les Fils de L'Homme"*2, je le pense réellement surévalué. On s'en remettra.


En espérant ne pas me faire trop d'ennemis, ce n'est aucunement mon objectif et je ne pense pas voir été si méchant que ça, je vous prie d'agréer mes salutations les plus sincères, et me tiens à votre disposition pour… pour, je sais pas. On verra.




*J'ai appris récemment que Tarabana est une résidence de la ville d'Oranjestad, capitale de la petite île d'Aruba au large du Venezuela. Mais personnellement ça fait maintenant quelques années que j'utilise ce mot comme un synonyme de "taré". Donc je garde cette définition. En revanche le Tarabana Circus n'existe pas. Mais il devrait. Ça pourrait être chouette.


*2 La première fois que j'ai vu Les Fils de L'Homme, on me l'avait tellement décrit comme un chef-d'oeuvre absolu que je n'ai pas pu m'empêcher pendant le visionnage de traquer le moindre détail qui pouvait contredire cette description. Et j'en ai trouvé. Du coup j'ai été un peu déçu. C'est ça, "l'effet Les Fils de L'Homme". Le seul autre cas qui me revient à l'esprit là tout de suite, c'est Perfect Blue.

 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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