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Dieu bénisse le Magnifique (critique)

1966, Sergio Leone, réalisateur alors décrié par la critique et par ses pairs (sûrement jaloux de voir un cinéaste si proche de la série B montrer autant de talent), sort son premier chef-d’oeuvre: Le Bon, la Brute et le Truand. Film baroque qui en fait magnifiquement des caisses et qui fout sur le cul. Un film au style reconnaissable aujourd’hui entre mille, sublime, sans un seul faux pas. On pense avoir touché le sommet, mais une surprise nous attend… Et aujourd’hui, après avoir revu Le Bon, la Brute et le Truand, et le film de Leone qui lui succède, je me sens un peu comme un con, mais j’y reviendrai…

Il Était une fois dans l'Ouest - réalisé par Sergio LEONE - sorti en France le 27 août 1969

1968 (oui, 69 en France, mais en Italie c'était fin 68) , le maître du baroque est de retour avec Il Était une fois dans l’Ouest Le film commence, Leone a troqué le générique proche de celui d’une série Z (mais génial) de son précédent film pour une scène d’exposition d’anthologie qui donne immédiatement le ton sur les deux heures et demi qui vont suivre: ce sera lent, bruitiste, et tendu sa race. La scène qui suit est une véritable leçon de mise en scène, d’une tension encore plus intense que celle de l’introduction, et après Leone, un deuxième génie fait lui aussi son arrivée fracassante: Ennio Morricone, le Mozart du cinéma, qui signe l’un des morceaux les plus épiques de l’Histoire du Septième Art, morceau dont la première note, paralysante, suffit à coller la chair de poule. Voilà pour la mise en bouche.

Ce film est un putain de modèle. Un genre de magnification de tout ce qui rendait déjà les films de Leone géniaux jusque là. On n’est franchement pas loin d’une définition du cinéma. Le côté grandiloquent est encore amplifé, sans que jamais le film ne s’approche, ne serait-ce qu’un minimum, du ridicule (c’est ce qui différencie le baroque du kitsch), les lenteurs exacerbées sont compensées par une mise en scène plus léchée qu’auparavant, ce qui rend le film prenant de bout en bout, les silences sont plus éloquents que jamais, le montage est maîtrisé à la perfection, et les gros plans, déjà magnifiques habituellement chez Leone, le sont encore plus ici (et d’une manière générale, chaque plan, chaque cadre, chaque mouvement de ce film est au poil de cul). Les jeux de lumière sont géniaux, le travail sur le son et le côté musical des bruitages est fantastique, et la BO est aussi merveilleuse que dans son précédent chef-d’oeuvre, le fait d’attribuer un thème musical propre à chacun des personnages principaux contribuant grandement à sa dimension épique. Le film dans son ensemble paraît plus « propre », sans que ça ne nuise à aucun moment au côté crade inhérent à n’importe quel western qui se respecte. Et même si le côté humoristique a laissé sa place à un ton plus sombre et plus violent, on se surprend tout de même à rire de temps à autre. Et puis ce casting parfait… Toutes ces gueules, bordel de merde… Et Claudia Cardinale. Parce que quand même. Et le tout s’achevant sur l’une des séquences finales les plus monumentales jamais tournées.

J’ai dit tout à l’heure que je me sentais con après avoir redécouvert ces deux films, et en particulier Il Était une fois dans l’Ouest. Je me sens très con parce que viens de me rendre compte qu’un des films les plus hauts placés dans le top 10 de mes films préférés, top que j'ai constitué il y a environ un ou deux ans, n’est en fait pas le bon… La dernière fois que je les ai vu, je devais avoir environ dix ans, mais les quelques souvenirs que j’en avais gardé me marquaient toujours. Le problème, c’est que je me suis rendu compte que, dans mon esprit un peu embrouillé, j’avais plus ou moins mélangé les deux films comme pour les associer en un seul. Mais si Le Bon, la Brute et le Truand est lui aussi un chef-d’oeuvre, Il Était une fois dans l’Ouest touche au divin. Et je m’en veux horriblement d’avoir mis autant de temps avant de les revoir, tous les deux, pour m’en apercevoir. Je pense que j’avais simplement gardé davantage de souvenirs du premier. À la réflexion, je me demande même si (honte à moi) j’avais réellement déjà vu Il Était une fois dans l’Ouest en entier… Et force est de constater que c’est une merveille absolue qui nous a été offerte ici… C’est tellement magistral qu'arrivé à la fin j'en ai des frissons et je suis à deux doigts de chialer d’admiration.


Quoi qu’il en soit, c’est définitif, Sergio Leone, dit « Le Magnifique », est de loin le plus grand cinéaste que je connaisse. Et Ennio Morricone est à classer parmi les plus grands compositeurs de tous les temps. Oui, carrément, de tous les putains de temps.


 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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