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"Je crois qu'on n'a pas le même sens de l'humour" (critique)

  • Captain Prozac
  • 4 août 2015
  • 7 min de lecture

Là je suis pas content.

Alors avant tout chose, je sais que j’ai souvent tendance à gueuler un peu dans tous les sens et à être plus sévère avec les comédies qu’avec n’importe quel autre genre (peut-être parce que c’est mon genre préféré et que j’en ai marre de voir autant d’auteurs ne pas le prendre au sérieux (parce que oui, paradoxalement, l’humour c’est sérieux), et aussi parce qu’au fil des années je suis devenu de plus en plus hermétique à certaines formes d’humour), donc si vous en avez marre de lire des critiques incendiaires comme on peut en lire énormément un peu partout sur Internet (ce que je comprendrais très bien), ne perdez pas votre temps ici.

Parce qu’autant vous dire que là je suis vraiment, vraiment pas content…

Bon après je reconnais, je cherche la merde hein… Je m’y attendais à ce que ce soit mauvais, mais un pote a dit que c’était super drôle, donc je me suis dit « Bon, voyons ça, on n’est jamais totalement à l’abri d’une bonne surprise… »

Mais arrivé à la fin, je constate que c’est encore bien pire que ce que j’imaginais…


Babysitting - réalisé par Nicolas BENAMOU & Philippe LACHEAU - sorti en France le 16 avril 2014


Ce film est impressionnant. Réussir en moins d’une heure et demi (notons quand même le point positif du film: au moins ça dure pas longtemps, c’est déjà ça) à compiler un tel ramassis de tous les pires clichés qu’il est possible d’entasser dans une comédie française, sans interruption, du début à la fin, ça tient du prodige.


Et puis ça commence dès les premières secondes, attention, détournez pas le regard sinon vous loupez un truc. Le début ressemble étrangement à ce qui pourrait être un sketch Youtube sans inspiration, un petit « Ça c’est moi » en voix off sur des images de profil Facebook. Je passe vite fait sur la montagne de références pop culture qu’on nous vomit à la gueule dès le début (et ça dure tout le long du film, vous inquiétez pas y’en a pour tout le monde, du Fast & Furious, du million de vues sur Youtube, du Gollum, du Là-Haut, etc…) , y’a bien plus alarmant. On nous introduit donc à toute une galerie de personnages tous insupportables et caricaturaux (oui oui, dès le début), qui se présentent à travers tout un tas de répliques écrites avec les pieds. On a le mec mal dans sa peau encore amoureux de son ex (celui qui finira par se retrouver submergé par une version au rabais de Projet X, ce qui est déjà assez difficilement envisageable vu la qualité du film d’origine), sa grosse pouf de collègue qui déblatère de la merde à tel point qu’en quelques secondes sa mort réjouirait n’importe lequel des plus fervents opposants à la peine capitale, le pote casse-couille qui passe son temps à tenter de prouver sa virilité, le patron imbuvable jamais présent pour son gosse insupportable (patron interprété par Gérard Jugnot, comme quoi rien que le casting relève déjà de la faute de goût) et sa femme, la femme de riche coconne standard, le flic beauf teubé, et le voisin qui se plaint de touts petits riens (personnage qui n’a pas grande importance mais qui contribue quand même, dès le début, au climat dégoulinant de clichés dans lequel baigne l’intro du film).


Ensuite on a droit à une vanne (je crois) qui me rappelle étrangement une scène de Brice de Nice, référence de haut niveau donc, et à une autre que je pense ne pas avoir entendu depuis un très long moment mais dont je me passais très bien jusque là.

Voilà pour l’intro. Au moins on pourra difficilement reprocher au film sa capacité à donner le ton en moins de dix minutes. Et pour être honnête, à ce moment-là, je savais déjà plus ou moins que c’était foutu. En moins d’un quart d’heure, le film a déjà accumulé un tel monticule de clichés insupportables qu’il a, c’est triste, j’en conviens, annihilé chez moi toute capacité de rire à ce qu’il va pouvoir me proposer par la suite. Parce que, bien entendu, tout le reste est sur le même ton. Ah oui, et les mecs se permettent de spoiler Les Infiltrés de Scorsese aussi. Donc si vous ne l’avez pas vu, ça vous fait une bonne raison de plus pour ne pas regarder Babysitting.


Et soudain, une idée de mise en scène arrive (enfin « une idée », un changement disons, parce que jusque là on avait droit à un seul mouvement de caméra répété en boucle): le reste du film est un immense flashback retransmit à travers l’écran d’une caméra. Nous voilà donc partis dans une aventure d’un style que je déteste particulièrement: le found-footage. C’était déjà mal parti, mais là…



Voilà, je n’ai parlé que des quinze premières minutes, environ, mais j’ai l’impression d’en avoir déjà dit pas mal, puisque pratiquement tous les défauts déjà présents continuent d’exister sans jamais s’estomper. Le film me fait penser à ces one-man-shows auquel les gens se marrent sans que j’arrive à comprendre pourquoi. C’est d’un ennui profond, tiraillé entre des moments dans lesquels il ne se passe rien, d’autres où il se passe, je le reconnais, deux ou trois trucs (même si, malheureusement, l’inintérêt total que je porte à cette bande de personnages insipides m’empêche complètement de me soucier un seul instant de ce qui peut leur arriver), des gags ou des situations amenées avec la grâce d’un troupeau éléphants, et donc hyper prévisibles (un bouchon de champagne dans la gueule, l’accident de bagnole, etc.), des blagues pas drôles, et Ô mon Dieu y’a Vincent Desagnat ! Ça suffisait pas Gérard Jugnot ? C’est le festival des acteurs finis qu’on était content de plus voir depuis des années ?


Enfin bref, ça continue et… non, je sais pas comment finir cette phrase… Ça continue, mais y’a rien. Et puis c’est pas drôle, putain… En fait je doute même sérieusement que ce film soit une comédie, malgré les quelques traits d’humour bien lourdauds disséminés ça et là, mais du coup c’est rien du tout. Y’a tellement rien que c’en est presque impressionnant. Ah si, quand Alice David se prend le bouchon de champagne dans la gueule y’a un mec qui dit « Tu lui as tapé dans l’oeil ! » HAHAHA LOL, putain c’est régressif comme humour. Ah non c’est pas drôle hein, mais j’ai rien trouvé de mieux niveau vanne dans tout ce bordel…

Et donc tout ça continue pendant un bon moment, je résume vite fait la suite, le gamin s’échappe de la baraque, ils se mettent à sa recherche, ils sont coursés par les flics mais pas longtemps, donc ça va on s’en fout, ils retrouvent le gamin, ils s’amusent à la fête foraine avec lui, tout ça tout ça… D’ailleurs quand les parents (qui ont retrouvé leur maison en ruines et regardent tout ce que je viens de raconter sur l’écran de la caméra) voient que leur fils s’amuse, ça leur fait plaisir… Et j’ai beaucoup de mal à comprendre ça parce qu’à ce moment-là du film, le bon sens (et ce qui a été dit un peu avant, en plus) voudrait que, dans leur esprit, la bande de guignols qui s’éclate avec leur mioche soient en fait des kidnappeurs… Mais d’un coup, ils s’en branlent, en fait… Bon, mettons, ça continue encore un peu, le personnage le plus insupportable de tous résume le film en une phrase (« Je crois qu’on n’a pas le même sens de l’humour »), on a droit à un petit instant dégoulinant de niaiserie où le fils nous apprend que son rêve c’est « que mon père vienne me voir jouer au foot » (mais si, je l’ai dit ça, au début, j’ai dit que le père était jamais là pour son fils, et là normalement vous avez déjà deviné comment le film se termine), et après… Après je vais me détendre un peu avant de raconter ce qui se passe…


Nous sommes toujours à la fête foraine. La situation dégénère (on s’en fout de pourquoi, dites-vous juste que les tocards et le gamin se retrouvent, à nouveau, dans la merde) et là, au moment où on pensait que le film ne pouvait pas être pire tant c’est à crever d’ennui et de clichés, devinez quelle est l’information qu’on ne nous avait pas encore apprise concernant le gosse… Sérieusement, devinez… Si si, c’est bien ça, vous pouvez le dire…

LE GOSSE EST ASTHMATIQUE ET N’A PAS SA VENTOLINE !! BORDEL DE MERDE, NON !! PAS ÇA !! TOUT SAUF ÇA, PUTAIN !! QU’EST-CE QUI VOUS EST PASSÉ PAR LA GUEULE QUAND VOUS AVEZ DÉCIDÉ ÇA ?! VOUS TROUVIEZ QUE C’ÉTAIT PAS ENCORE ASSEZ MERDIQUE COMME ÇA ?!


Oui je m’énerve, oui. Je m’énerve parce que tout le reste était déjà suffisamment à chier, mais là c’est vraiment la connerie de trop. Le coup du gosse asthmatique, vraiment, y’en a marre, ça fait au moins 15 ans que c’est plus possible.


Ah et je vous ai pas dit mais, à moins que j’ai loupé quelque chose (ce qui est tout à fait possible vu comme j’en avais plus rien à branler de ce que je regardais à ce stade-là) mais il semblerait que les parents aient regardé tout ça sur une caméra qu’ils ont allumé par miracle alors qu’elle n’avait plus de batterie depuis le début du film…

Après y’a un moment émotion, et le film se termine en apothéose, après une heure vingt de merde, sur un bon gros dégueulis de bons sentiments comme on les aime.


J’avais prévenu dès le début de la critique que j’allais gueuler, mais ce film m’a réellement foutu hors de moi. Honnêtement, même The Interview ou Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu sont moins pourris que cette daube.

Ce film est une honte, mais je conseille néanmoins à tous les jeunes réalisateurs qui comptent se lancer dans la comédie française de le regarder. Ça leur apprendra ce qu’il ne faut pas faire.




 
 
 

Comments


 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

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17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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