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Psalmodie en sous-sol (critique)

Toujours réticent à l’idée de regarder Mr Nobody par peur de perdre mon temps devant un film qui me rend de plus en plus sceptique, c’est avec ce film que j’entre donc dans l’univers de Jaco Van Dormael. Et autant dire que, encore une fois cette année, je suis sorti de la salle le coeur empli de déception.


Le Tout Nouveau Testament - réalisé par Jaco VAN DORMAEL - sorti en France le 2 septembre 2015

Malgré un pitch et une bande-annonce pourtant intrigants, et une première scène qui nous présente Benoît Poelvoorde dans un rôle totalement taillé pour lui et Yolande Moreau dans une situation à peu près semblable, on se rend finalement compte que le film n’a pas grand chose à offrir. Et si le côté surréaliste très présent dès le début a de quoi tenir en éveil pendant les premières minutes, il en vient vite à s’embourber dans un bon gros gloubi-boulga qui finit par ne plus vouloir dire grand chose. Sans compter que nous nous trouvons devant une comédie dont les premières vannes (les fameuses « lois de l’emmerdement ») semblent tout droit sorties du premier lien de la première page de recherche « blagues de merde et lieux communs » sur Google.


S’ensuit alors l’épopée d’Ea, la fille de Dieu, qui fugue de la demeure familiale dans le but de trouver ses six apôtres à elle. Et à partir de là, le film devient palpitant. Non, pas palpitant. Comment on dit ? Mais si, le contraire de palpitant ? Ah oui voilà, à partir de là, le film devient chiant. On se retrouve rapidement devant une unique scène répétée en boucle. La gamine, qui a choisi six apôtres au hasard dans les dossiers de son père, vient rendre visite à l’un d’entre eux, celui-ci lui raconte sa vie de merde, elle écoute son coeur pour lui dire quelle est la musique qui lui correspond, elle lui dit qu’elle est la fille de Dieu et qu’elle ne sait pas pleurer, et elle récolte ses larmes dans un tube à essai. Voilà. Cette scène-là, qui dure environ… allez, je dirais une dizaine de minutes, vous allez la voir six fois. Et si au bout de la deuxième fois on se demande déjà où le film veut nous emmener, au bout de la troisième c’est bon, on est lassé. Et ces répétitions sont entrecoupées de scènes dans lesquelles Dieu, descendu sur Terre à la recherche de sa fille, se fait martyriser par un peu tout le monde (faut dire qu’il le mérite) et subit une à une les fameuses lois de l’emmerdement qu’on l’a vu énoncer précédemment.


Ah mais j’ai pas parlé de pourquoi la petite se barre ! Pour se venger de son père, ce gros connard, elle décide, via l’ordinateur qui lui sert à tout, de balancer à tous les habitants de Bruxelles leur date de décès par SMS. Un SMS que tout le monde accepte sans rechigner, un peu comme s’ils savaient parfaitement eux-mêmes qu’il émanait de Dieu Tout-Puissant himself. Voilà. Bon alors quand même, y’a deux ou trois trucs qui passent dans tout ça. Le casting, même s’il est sans prise de risque, fonctionne bien, la BO est cool, et… Non, voilà. Si, y’a bien un début d’idée à l’arrivée du personnage de François Damiens, mais on l’oublie finalement au bout d’une trentaine de secondes (trentaine de secondes pendant laquelle ce personnage devient alors le seul apôtre un tout petit peu intéressant après, à la louche, une bonne heure de film) puisqu’elle n’aboutit pas. Et puis y’a Catherine Deneuve qui couche avec un gorille. Pourquoi pas. Ça n’a aucun sens ni aucun intérêt, mais ça fait un peu sourire.


Et voilà qu’arrive la fin. Et qu’est-ce qu’on fait à la fin d’un film quand on ne sait absolument pas quoi faire d’autre ? Un DEUS EX MACHINA ! Mais pas un deus ex machina classe à la Jurassic Park hein Non, là c’est limite une blague. Et grâce à ce fabuleux retournement de situation, on constate bouche bée que tout ce qui a été entrepris pendant près de deux heures n’a servi absolument à rien. Et le tout s’achève dans un genre de trip new wave kitschissime aux effets spéciaux assez péraves.


Mais étrangement, et contrairement à la quasi-totalité des gens avec qui je suis allé le voir (pour une fois que c’est moi le plus indulgent…), je ne l’ai pas trouvé plus interminable que ça. Mais quand même, y’a du gâchis. Poelvoorde qui joue un enculé total dans un film surréaliste sur la religion, c’est pas une putain de promesse ça ? Hé ben là, non. Le film semble ne jamais savoir où il va, et ça se confirme à la fin: il ne va nulle part. On dirait que Van Dormael a filmé des trucs avec une mise en scène aléatoire avant de rajouter des effets spéciaux pas tops, et c’est tout. Et puis pour une comédie faut dire que c’est pas franchement marrant.


J’ai encore plus peur de mater Mr Nobody maintenant…




 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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