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Merceries of murder (critique)

Ça y est ! Il est là ! Le film le plus attendu de ces deux dernières années est enfin arrivé ! Et alors, verdict ? Bien ? Pas bien ?…

Bien. C’était cool. De là à dire que c’est un grand Tarantino… Non. À vrai dire, c’est peut-être même un de ses moins bons.


Les Huit salopards - réalisé par Quentin TARANTINO - sorti en France le 6 février 2016

Tout était là pourtant: après avoir montré qu’il était capable de nous pondre un putain de western, il y revient, et il y rajoute du huis-clos, le genre qui a fait le succès de son premier (et meilleur) film. On retrouvera d’ailleurs pas mal de choses de ça ici, puisque le film commence à la façon de Django Unchained, et se poursuit comme Reservoir dogs: une poignée de gens tendus font connaissance, et l’un d’eux cache quelque chose aux autres. C’est simple, mais efficace. Le casting est excellent et les dialogues sont très bons, pas grand chose à redire là-dessus, les punchlines s’enchaînent relativement vite. Mais alors, si l’écriture est si géniale, comment le film peut ne pas l’être autant ? Parce que quand tout ce qui nous intéresse dans un film c’est le scénario, on ne va pas au cinéma. On lit des livres*.


Outre l’auto-référence (comme d’hab) parfois un peu trop présente (Red Apple, ça fait sourire la première fois, ça laisse indifférent la deuxième, et la troisième, merde), certains choix de narration et de mise en scène sont discutables. Découper le film en chapitres ? Pourquoi pas, ça ne gêne pas, mais ça n’apporte rien de spécial non plus. Ajouter un texte pour faire comprendre l’arrivée d’un flashback, c’est déjà plus étrange, surtout venant de Tarantino. Reservoir dogs et Pulp fiction fonctionnaient à merveille sans ça, mais après quelques films bien linéaires, on dirait qu’il a un peu peur de revenir à ce genre de truc sans prendre de gants. Mais bon, à la limite, c’est pas si grave. En revanche, ce qui est grave Quentin (et là je m’adresse directement à lui pour créer un palier d’intensité**) c’est que tu as fait dans ce film quelque chose de complètement anti-cinématographique. Quelque chose qui devrait être interdit tant c’est le comble du superflu: on n’utilise jamais, ô grand jamais, une voix off quand elle ne sert qu’à raconter ce qu’on voit à l’écran. Jamais. Et même si ça ne dure pas longtemps, c’est quand même de trop (si vous voulez voir ça de façon particulièrement abusive, regardez The Lobster de Yorgos Lanthimos, sorti en 2015). Merde, pourquoi t’as fait ça ? Déjà que venant d’un jeune réalisateur c’est gonflant, mais venant de toi…


Et parce qu’on peut pas finir sur ça (en fait si, on peut, mais j’avais pas de transition correcte), un autre petit truc: c’est quoi le délire avec les ralentis ? La fusillade en ralenti n’apporte rien, et pire, elle fait perdre la scène en violence, ce qui est assez paradoxal puisque le film est sûrement l’un de ses plus trashs (sans déconner, la « finition » du Mexicain - certainement le moment le plus drôle du film - ferait presque passer la mort d’Oberyn Martell pour une petite migraine***). Et la voix de Sam Jackson qui passe au ralenti quand il est mourant c’est pareil, ça ne sert à rien. Et c’est plutôt moche. Et enfin, dernier point: la musique. Et là je sais pas trop quoi penser. Est-ce que c’est sympa de voir qu’il s’est calmé sur le côté nawak de ses bandes originales pour passer à autre chose (même si ça faisait quand même une putain de valeur ajoutée), ou est-ce que c’est décevant de sortir d’un Tarantino sans avoir été marqué par le moindre morceau ?…


Bref, oui, The Hateful Eight est quand même un bon moment à passer. C’est drôle, bien écrit, super bien rythmé (genre vraiment, j’ai rarement vu trois heures passer aussi vite), le huis-clos ne tombe pas dans le piège de tourner au théâtre filmé, mais… mais je sais pas, en fait. Mes attentes étaient peut-être trop grandes. Mais je reste quand même convaincu qu’on a eu droit ici à un Tarantino mineur, et que pas mal de choses (notamment les ralentis) n’auraient pas été tolérées par la majorité des spectateurs aussi facilement si le film avait été fait par un réalisateur inconnu. Car la fanattitude est toujours la pire ennemie du discernement.

Ah et pour quand même finir sur quelque chose de chouette, y’a un autre truc qui est génial. Un tout petit truc de rien du tout, en vrai on s’en branle, mais franchement, la police d’écriture du titre est absolument magnifique. La plus belle qui a été faite depuis Le Bon, la Brute et le Truand.

* En fait même dans les livres, il n’y a pas que l’histoire qui compte. Vous pouvez raconter la meilleure histoire du monde, si vous vous contentez de faire de la description pure sans y ajouter aucun style, votre bouquin sera chiant.


** Oui ça vient de Kaamelott, oui.


*** Pardon.


 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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