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Bloody Motors (critique)

Il y a une chose qui me fait toujours un peu grincer des dents à chaque fois que j’entends quelqu’un évoquer la filmographie de Quentin Tarantino, c’est que neuf fois sur dix, un de ses films, toujours le même, passe à la trappe. Et depuis la sortie de son dernier, les médias s’y mettent aussi en considérant Les 8 Salopards comme le huitième film du bonhomme. Alors que non, c’est son neuvième (si on veut chipoter c’est même son dixième, mais passons…). Allez, souvenez-vous. Vous pensez qu’il a rien branlé pendant cinq ans entre Kill Bill 2 et Inglorious Basterds ? Que nenni…


Boulevard de la mort - sorti en France le 6 juin 2007 - réalisé par Quentin Tarantino


Grand injustement mal-aimé de Tarantino, souvent (presque toujours, même) considéré comme mineur dans sa filmo, je vais poser le bordel d’emblée: ce film est un de ses meilleurs. Et encore plus pour ceux qui aiment le style Tarantino. Parce qu’au fond, qu’est-ce que c’est quoi qui définit ses films ? Les références cinéphiles balancées entre la poire et le fromage ? Y’a. Y’a plein même, ça cite pêle-mêle Zatoichi, Vanishing Point, Marie-Antoinette, American Graffiti… Quoi d’autre ? Une bande-son pop rock (du vrai pop-rock hein, on parle pas de Superbus ou de BB Brunes là) ? Bah réécoutez-la, vous vous ferez un avis. Les personnages marqués sont là, identifiés clairement dès le départ et sans infos superflues (comme dans la plupart des films d’horreurs, slashers en particulier, sauf que là c’est bien fait) et toujours portés par un goût du casting bien particulier puisque le film relance un peu Kurt Russell qu’on avait presque oublié depuis plus de dix ans (c’était très long comme phrase, ça).


L’univers Tarantino est là, visible aux marques fictives comme Red Apple dont le film est blindé. Et les points préférés de Tarantino, les dialogues digressifs et les plans sur des pieds, je pense pas qu’on en retrouve autant dans aucun de ses autres films… Et si on ajoute à ça le petit caméo de Monsieur au début du film, de la bagnole, la caméra qui suit les personnages, les inserts de partout et le cabotinage général… Non, le compte est bon hein. Ce film est son défouloir. Alors oui, je vous vois venir, y’a quand même deux trucs chers au bonhomme dont j’ai parlé: la violence et la narration. Hé ben… Non, ça aussi ça colle. Même si on n’a pas droit à une narration complètement non-linéaire comme dans Reservoir Dogs ou Pulp Fiction, la putain d’ellipse de bâtard au milieu du film peut très bien faire office de remplacement. Et niveau violence, c’est vrai qu’y en a un petit peu moins que d’habitude, mais sans déconner, le crash de bagnole vaut à lui seul l’ensemble des violenceries de la plupart de ses films précédents…


Outre tout ça, le film se paye le luxe de parler de cinéma, de virer pratiquement au film choral dans sa première partie sans qu’on se retrouve perdu à plus rien piger un seul instant (parce que non, ce n’est pas parce qu’un film est incompréhensible qu’il est bon, la plupart du temps c’est simplement ce qui arrive quand la narration est mal branlée), le scénar est simple mais fonctionne, et Tarantino arrive même à marier la mise en scène et l’esthétique du cinéma d’exploitation qui a forgé sa cinéphilie (l’image dégueulasse, le grain, allant même jusque dans les bugs de projection et les cuts bien trop foireux pour être involontaires) à son propre univers, en jouant sur la couleur, les cadres, et les gimmicks qu’il a l’habitude de pondre depuis ses débuts.


En bref, vous prenez tout ce qui définit le cinéma de Tarantino, vous le poussez à l’extrême, ça donne Boulevard de la mort. Ce film n’est pas un de ses « films mineurs », c’est l’aboutissement ultime de sa façon de faire. C’est le plus tarantinien des Tarantino, point barre. Alors la phrase toute faite « J’adore le style Tarantino, mais celui-là je l’aime pas », c’est mignon mais c’est de la merde. Pardon de le dire comme ça, mais si vous êtes de ces gens-là, vous n’avez simplement pas compris ce qui caractérise le cinéma de Tarantino. Alors sans déconner, (re)matez-le, parce qu’il est génial. Même si en vrai je préfère plus mieux Planète Terreur, qui est encore plus génial.


Après si, de base, son cinéma c’est pas votre truc, ne le regardez pas. Non parce que là vous allez finir par vous tailler les veines… Ou alors jetez quand même un petit coup d'oeil à la fin. Parce que ce serait dommage de passer à côté de la fin la plus YOLO de tous les temps...



 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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