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Achtung Network (critique)

Ayant pris connaissance un peu tardivement des sorties ciné prévues pour 2016, il y a assez peu de films que j’attendais vraiment, mais celui d’aujourd’hui faisait partie depuis un moment de mes grosses attentes. Parce qu’un film qui propose de se marrer un peu avec Hitler comme personnage principal, c’est pas forcément l’idée la plus originale du monde, mais y’a quand même moyen de passer un moment sympa. Du coup ça veut dire que c’est un film qu’il est bien !… ? Non. C’est pas bien. C’est pas bien du tout.


Il est de retour - réalisé par David Wnendt - sorti en France le 9 avril 2016


Quand je dis « c’est pas bien du tout », c’est réducteur. La première partie est bien. Pour résumer l’histoire, Adolf Hitler apparaît soudainement à Berlin en 2014 et rencontre, après avoir mis quelques jours à reprendre ses esprits, Sawatzki, un journaliste/reporter/réalisateur raté que son boss prévoit de le foutre à la porte s’il ne trouve pas un putain de scoop à mettre sous la dent de sa chaîne de télé. Sawatzki entreprend donc de réaliser un reportage sur ce Hitler que tout le monde prend pour un genre d’humoriste bizarre qui ne quitte jamais son rôle. Et donc, la première partie est bien. Et pourquoi qu’elle est bien ? Parce qu’on est dans de la comédie pure relativement chouette, avec quelques vannes vraiment drôles, qu’on est détendu, qu’on sourit, et que voilà. Bon, ça pète pas des briques, mais au moins on est bien. Et le film commet la pire erreur qu’il lui était possible de faire: il vire au film politique. Et l’humour disparaît soudainement. Et j’ai rien contre l’humour satirique, bien au contraire (à condition que ça tape assez fort), mais là, le film montre son vrai visage en nous faisant comprendre que tout ce qu’il a fait pour nous faire rire depuis le début n’était finalement qu’une habile manoeuvre pour mieux pouvoir nous cracher dessus…


J’ai lu un peu partout (après avoir vu le film) que pas mal de gens s’étaient senti insultés en le voyant, et honnêtement ça m’étonne pas plus que ça. L’escalade vers le mauvais démarre quand on se lance dans une critique du monde de la télé. À la limite, jusque là, rien de méchant, ça passe. Mais le film se permet ensuite une saillie qui nous est indirectement adressée à nous, spectateurs débiles et influençables: quand on commence à rire à ce que dit quelqu’un comme Hitler, on finit par voter pour lui… Oui oui, c’est bien le message du film. C’est à peu près à ce moment-là qu’on commence à vouloir dire aux créateurs du film d’aller se faire enculer. Je veux bien reconnaître quand même quelques bons points, notamment le fait que le film soit en partie composé d’images de caméras cachées où le floutage nous permet de voir des passants saluant d’un beau bras tendu l’acteur grimé en Führer mais qui ont visiblement refusé de signer un contrat de cession de droit à l’image pour le film. On tend alors à nous dresser un portrait de l’évolution des mentalités en Allemagne (et même en Europe, sur la fin) à notre époque. Le principal problème étant que la fin du film est nulle à chier, mais j’y reviendrai un peu après. On va d’abord parler d’un petit truc qui concerne le personnage de Sawatzki, le reporter qui accompagne Hitler tout le long du film.


Je suis désolé pour ceux qui n’ont pas vu le film, mais ce paragraphe va spoiler. Pour les autres, il y a un truc sur lequel on doit se mettre d’accord: Sawatzki est un incompétent. Pourquoi ? Vous vous souvenez de la façon dont il se rend compte qu’Adolf Hitler est le VRAI Adolf Hitler ? Il s’en rend compte en reprenant les images qu’il a enregistrées et voyant ce qu’il s’y passe au tout début. Ça veut dire que le mec a commencé à bosser sur son montage sans avoir pris la peine de visionner ses rushs. Surtout que l’apparition d’Hitler qu’il découvre est tellement voyante que l’écran de l’ordi éclaire tout son bureau en rouge… Et attendez, c’est pas fini. Vous vous souvenez de ce qu’il fait après avoir vu ça ? Il retourne à l’endroit où il a filmé et découvre que cet endroit est le lieu (et c’est indiqué sur un putain de gros panneau pour que tout le monde puisse le lire) où se trouvait le bunker d’Hitler. Donc le mec n’a absolument pas fait de repérages avant de se lancer dans son reportage (celui qu’il fait avant de rencontrer Hitler hein, celui du tout début sur les gamins qui jouent au foot là), qu’il n’a absolument rien préparé, et qu’il ne sait même pas où il tourne ! Du coup je trouve tout à fait compréhensible que son boss ait envie de le foutre à la porte le plus vite possible…


A y est, le spoil est fini ! Maintenant on va spoiler la fin. Pourquoi cette fin est nulle à chier, donc. Elle est pas nulle dans ce qu’elle raconte (la montée des extrêmes, le retour de la haine, de la xénophobie, le patriotisme en Europe, etc.), elle est nulle dans la façon de nous le montrer. On est bien d’accord que toute la critique de la télé à laquelle on droit dans le film (et qui en prend quand même une bonne partie) est surtout une critique de la mauvaise influence que la télé exerce sur le peuple ? Bien. Alors question: qui a eu cette idée de merde de justifier le propos du film sur la montée des extrêmes en utilisant… des images de bulletins d’informations de journaux télévisés ? Comment est-ce qu’on peut encore croire à la sincérité de la critique de la télé que le film essaie de mettre en place en voyant qu’il retourne sa veste au dernier moment ? Hé ben on ne peut pas. Ces dernières images annihilent toute cette critique. Quand on a un parti pris, on le tient, c’est tout. Sinon ça sonne faux-cul.


Donc, j’ai la flemme de faire une vraie conclusion (je vais suivre le modèle du film, tiens), mais ce film est pas bon. À la limite, commencez à le mater, et arrêtez-vous au moment où Hitler rencontre les gens de la chaîne de télé. Ça suffira. Et sinon, je pense absolument pas que l’humour du film (de la première moitié du film, plutôt) puisse réellement choquer qui que ce soit. C’est plutôt bon enfant.



 ceci est un message de captain prozac 

 

Salut, c'est Prozac, le mec derrière le site. Juste pour dire qu'il faut éviter de prendre tout ce que je dis au pied de la lettre et me considérer comme le Grand Gardien de la Vérité, de la Morale et du Bon Goût (même si c'est bien le genre de truc que j'aime dire). 

Voilà. Éclate-toi, et va voir des films.
 

Bisous.

 sorties à surveiller: 

 

17/06:  Swiss Army Man de Daniel SCHEINERT & Dan KWAN

10/08: Parasol de Valéry ROSIER

05/10: Mademoiselle de Park CHAN-WOOK

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